Décolonisation
Dès sa création en 1945, l’Organisation des Nations Unies a consacré parmi ses buts « le respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes », inscrit à l’Article premier de la Charte des Nations Unies. Un principe cardinal ayant permis l’enclenchement du processus de décolonisation qui a permis l’indépendance de nombreux territoires à travers l’exercice de leur droit à l’autodétermination.
Au-delà de cette acception générique de la décolonisation, basée sur la refondation géopolitique qui s’est opérée au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, celle-ci marque, en vérité, le renversement d’un ordre établi.
En effet, les Nations Unies ont grandement contribué au mouvement de décolonisation et de libération des peuples et pays colonisés. Les efforts de l’ONU sont notamment consolidés à travers l’adoption par son Assemblée Générale, le 14 décembre 1960, de la résolution 1514 portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Cette résolution proclame la nécessité de mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme à travers le transfert du pouvoir aux peuples des territoires n’ayant pas encore eu accès à l’indépendance. Elle déclare que tous les peuples des territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous les autres territoires ont le droit de libre détermination.
Dans le cadre de sa mission consistant à définir les orientations générales en matière de décolonisation, l’Assemblée Générale des Nations Unies a créé, en 1961, le Comité Spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration 1514, appelé actuellement Comité des Vingt-Quatre (C24).
Ce Comité dresse des recommandations sur la question de décolonisation qui sont à leur tour examinées, dans le cadre des points de l’ordre du jour inscrits à l’Assemblée Générale de l’ONU, par « la Commission des questions politiques spéciales et de décolonisation » ou « Quatrième Commission». C’est sur cette base que cette Commission prépare les projets de résolutions et de décisions devant être examinés par l’Assemblée Générale.
La mise en œuvre de ces différents organes au niveau des Nations Unies s’est consolidée par l’élargissement opéré, en 1962, du Comité spécial sur la décolonisation en portant le nombre de ses membres de 17 à 24. Dans le même esprit, la liste des territoires s’est agrandie, au fil des années, à travers l’inscription de nouveaux territoires colonisés. En 1963, l’Assemblée Générale a approuvé une liste incluant 60 territoires non autonomes, parmi lesquels figure le Sahara Occidental. Ce mouvement s’est poursuivi en 1986 et 2013 en confirmant le statut de certains territoires non autonomes.
Si le rôle de l’ONU a été déterminant dans l’accès à l’indépendance des territoires colonisés, force est de constater que la décolonisation a, avant tout, résulté des mouvements nationalistes ayant milité pour la libération de leurs peuples et de leurs pays. Les luttes pour l’indépendance ont différé évidemment en fonction des pays et du contexte. Le cas de de l’Algérie est un cas d’école, car sa décolonisation ne s’est concrétisée qu’au prix d’une lutte armée qui a duré huit ans et qui a coûté la vie à un million et demi de Martyrs.
De par ce lourd tribut payé pour son indépendance, le principe de décolonisation constitue un axe central et immuable de la politique étrangère de l’Algérie, qui apporte un soutien indéfectible, tant au niveau de l’ONU, qu’au sein de l’Union africaine, aux peuples sous colonisation à l’effet d’accéder à leur droit à l’indépendance. Ce soutien s’est notamment déployé, dès les années 1960, en faveur des peuples africains, encore sous le joug du colonialisme, et pour lesquels la lutte algérienne de libération a constitué un grand retentissement et une source d’espoir pour leur liberté.
L’Algérie a aussi accompagné, tant au plan politique que diplomatique, le long processus ayant conduit à l’indépendance de nombreux pays africains et qui s’est poursuivi jusqu’aux années 1990. Ce dynamisme s’st déployé au niveau des différents organes des Nations Unies, mais aussi au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine, puis à l’Union Africaine, en dénonçant le colonialisme en Afrique tout en mobilisant le soutien en faveur de l’autodétermination des peuples africains. A ce titre, l’Algérie a accueilli et facilité les négociations des accords de paix, en 1974, ayant abouti à l’indépendance du Mozambique, de l’Angola, du Cap Vert et de la Guinée Equatoriale…
La présidence algérienne de la 29ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU, en 1973, a été un moment fort de cette action qui a permis de mettre en exergue la nécessité de parachever le processus d’indépendances et a constitué une occasion de la première participation historique de feu Yasser Arafat, Chef de l’Organisation pour la Libération de la Palestine.
Ce dynamisme diplomatique, ayant fait de l’Algérie le quartier général des luttes de libération nationale en Afrique, s’est réaffirmé dans le Mouvement des Pays Non Alignés, en particulier, lors du Sommet de ce mouvement tenu à Alger, en 1973.
Si depuis tous les pays africains et d’autres territoires ont enfin eu accès à leur indépendance et se sont libérés du colonialisme, il n’en demeure pas moins que les cas de la Palestine et du Sahara Occidental, la dernière colonie en Afrique, se trouvent toujours privés de leur droits à l’indépendance et souffrent toujours de l’occupation étrangère.
L’Algérie poursuit toujours son soutien en faveur de la décolonisation de ces territoires en ne ménageant aucun effort pour apporter son appui indéfectible tant politique, diplomatique, qu’humanitaire aux peuples palestinien et sahraoui.
Au niveau de l’ONU, l’Algérie participe activement aux travaux de la quatrième Commission en charge des questions politiques spéciales et de décolonisation et du Comité des Vingt Quatre en charge d’étudier l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (C24). Les mêmes efforts sont également déployés au sein de l’Union Africaine.
Par ailleurs, si le cadre des Nations Unies a été propice pour l’enregistrement d’avancées notables en matière de décolonisation, il n’en demeure pas moins que le recul observé du multilatéralisme n’a fait que freiner, ces dernières années, l’éradication complète du colonialisme dans les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ONU. Faisant le bilan de la troisième décennie internationale de l’élimination du colonialisme sous toutes ses formes (2011-2020), les débats tenus au sein de la Quatrième Commission de l’ONU, en octobre 2021, ont largement relevé le manque d’avancées de certains processus de décolonisation dans le monde.
Tout en réaffirmant leur attachement à l’élimination complète et immédiate de la décolonisation, les Etats membres de l’ONU ont formulé l’espoir que la quatrième décennie internationale sur l’élimination du colonialisme (2021-2030) verrait l’éradication complète de ce phénomène et exprimé leur solidarité à l’endroit du droit inaliénable à l’autodétermination des peuples de territoires non autonomes à disposer d’eux-mêmes.